La radiothérapie constitue aussi fréquemment la dernière étape du parcours de soins spécifiques en oncologie et marque l’entrée du patient en phase de surveillance. Le « patient en soins actif » devient une « personne en rémission ». À ce moment de transition, le patient s’éloigne « brutalement » pour plusieurs semaines des structures de soins oncologiques et va réintégrer avec plus ou moins de succès son environnement de vie. Pour autant, cette expérience constitue une nouvelle épreuve face aux défis que représentent la gestion des effets secondaires qui se poursuivent, s’aggravent ou se chronicisent, la fatigue et l’acceptation d’un corps diminué par la maladie, les éventuels traitements spécifiques ou non à poursuivre à domicile, la peur de la récidive et autres émotions labiles, l’adoption d’un nouveau style de vie, le retour au travail, ou encore la désinformation.

À ce moment crucial de leur parcours, nous constatons en outre que les effets secondaires précoces de la radiothérapie prennent plusieurs semaines à se résoudre voire atteignent leur paroxysme alors que le patient a quitté la file active. Cet effet s’accentue actuellement avec le raccourcissement de la durée totale de radiothérapie et la majoration des doses par séance (hypo-fractionnement). Le patient peut se trouver démuni pour affronter les conséquences de ces effets prolongés ou consulter d’autres ressources médicales ou paramédicales non expertes (médecin généraliste, service d’urgence, oncologue médical, spécialiste d’organe, praticien en médecine alternative, chiropracteur…). La qualité de vie se trouve donc menacée au moment de la fin des soins oncologiques « actifs ». La reconnaissance, l’évaluation standardisée et la prise en charge de ces effets secondaires nécessitent en effet un accès pérennisé aux professionnels de radiothérapie.

Il est donc important d’intégrer le radiothérapeute oncologue au suivi post thérapeutique.  

Le CFB offre également un suivi psychologique à ses patients en rémission. Si l’un de vos patients présente un état dépressif ou anxieux, invitez-le à reprendre contact avec nous.

La radiothérapie est utilisée chez plus de 50% des patients oncologiques à visée curative ou palliative. Du fait de l’irradiation nécessaire de tissus sains autour de la tumeur, les patients peuvent présenter deux types d’effets secondaires. Ces derniers varient en fonction de la localisation et du volume irradiés, de la dose délivrée, de la sensibilité individuelle du patient et de son âge. Ils apparaissent au niveau de la zone irradiée et leurs probabilité et sévérité sont proportionnelles à la dose administrée. Les progrès des techniques d’irradiation les ont rendus moins fréquents.

On distingue :

• Les effets précoces, très fréquents et attendus, qui surviennent pendant la radiothérapie et jusque 3-6 mois après selon les définitions ; ils sont généralement transitoires et guérissent sans séquelle. Néanmoins ils peuvent s’avérer douloureux ou gênants voire parfois justifier un traitement médical voire une hospitalisation. Les plus fréquents sont la fatigue, la radiodermite (peau inflammée voire ulcérée), les mucites orales, digestives ou gynécologiques.
• Les effets tardifs surviennent plus de 6 mois après la fin du traitement, chez une minorité de patients (10-15%) et peuvent conduire à des séquelles médiées par des phénomènes de fibrose tissulaire. Ils peuvent être de plusieurs types selon la zone traitée :
• Une perte de souplesse de la peau, et/ou un œdème ;
• Des douleurs au niveau de la zone traitée et une inflammation des muqueuses ;
• Une couperose de la peau, qui apparaît 18 mois à deux ans après la fin de l’irradiation. On parle de télangiectasies. Ce sont des petits vaisseaux superficiels dilatés. Cet aspect de couperose est d’autant plus important que la zone irradiée est exposée au soleil ;
• Une perte de salive (on parle d’hyposialie ou d’asialie) suite à une irradiation ORL.
• La perte définitive des cheveux ;
• Une fragilité des muqueuses génitales, une sécheresse vaginale accrue, une fibrose ou un rétrécissement vaginal ;
• Le risque de second cancer provoqué par une radiothérapie est extrêmement faible chez l’adulte mais peut être un motif légitime d’inquiétude.

Leur prise en charge est bien détaillée dans le chapitre Description and Management of Radiotherapy-Induced Long-Term Effects(Vogin G) de l’ouvrage Survivorship Care for Cancer Patients (pp.257-285), ISBN: 978-3-030-78648-9, Springer.